Filière : Pharmacie Hospitalière – PHPR

Occasion : Master 2

Type : Disponibilité

Terrain d’accueil : ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai commencé mon internat de pharmacie hospitalière en novembre 2012 au sein de l’inter-région Ile-de-France. Après 6 semestres de bons et loyaux services en pharmacie hospitalière, j’ai souhaité explorer d’autres horizons que la pharmacie hospitalière à proprement parlé. J’ai donc pris une année de disponibilité pendant laquelle j’ai réalisé un mastère en Santé publique à l’Ecole Pasteur-CNAM de Santé Publique, avec une spécialité en risque infectieux. Cette formation a été pour moi très enrichissante et professionnalisante. C’est notamment suite aux enseignements du M2 que j’ai développé un attrait particulier pour la problématique de l’antibiorésistance. Suite à ce M2, j’avais la volonté de poursuivre une carrière en Santé publique, en particulier en épidémiologie des maladies infectieuses, j’ai donc réalisé ma dernière année d’internat en effectuant un semestre en unité de recherche INSERM en épidémiologie clinique et un autre semestre à l’ANSM au pôle épidémiologie des produits de santé.

Quelles ont-été les démarches administratives pour effectuer ton stage à l’ECDC ?

J’ai terminé mon internat en octobre 2017, à la suite duquel j’ai débuté un stage de 9 mois à l’ECDC à Stockholm en Suède. Ce stage s’inscrit dans le cadre du “Traineeship programme” proposé par l’ECDC, soumis à la réglementation des stages des agences de l’Union Européenne. Il n’y a qu’une seule vague de candidature par an (Décembre – Janvier) pendant laquelle il est possible de postuler. Ayant le souhait d’une expérience à l’étranger supplémentaire, et connaissance de l’expertise du programme de l’antibiorésistance de l’ECDC, j’ai donc déposé ma candidature sur la plateforme en ligne du “Traineeship programme” de l’ECDC tout en montrant mon intérêt à vouloir travailler sur une thématique liée à l’antibiorésistance. La candidature doit s’inscrire dans une logique de parcours. Dans mon cas, mon stage à l’ECDC s’est effectué après un internat complet de pharmacie, thèse et DES soutenus, un M2, 1 stage à l’OMS en antibiorésistance et 2 semestres en épidémiologie.

Quel était ton niveau d’anglais ?

Bon niveau d’anglais, capable de m’exprimer confortablement à l’oral comme à l’écrit.

Décris-nous les missions de ton poste à l’ECDC.

Au cours de mon stage à l’ECDC, j’ai travaillé sur la surveillance épidémiologique de la consommation des antimicrobiens dans l’UE/EEE, via le réseau ESAC-Net (European Surveillance of Antimicrobial Consumption Network). Les activités quotidiennes consistaient entre autres à la collecte et l’analyse des données de consommation des antimicrobiens recueillies par les Etats Membres de l’UE/EEE et à la rédaction de rapports épidémiologiques grâce à l’accès à la base de données de surveillance européenne TESSy®. En dehors des missions quotidiennes, j’ai effectué des travaux ponctuels sur la base TESSy® pour modéliser la consommation des antimicrobiens en fonction des Doses Définies Journalières (DDJ) attribuées par l’OMS, participé au développement de l’Atlas des maladies infectieuses de l’ECDC, contribué à l’organisation de nombreuses conférences (présentielles et téléphoniques) avec les différents Etats Membres. J’ai également eu l’opportunité de suivre des formations dispensées par l’ECDC notamment en biostatistiques (R®), en hygiène hospitalière, en gestion et contrôles des épidémies. J’ai aussi eu la chance de participer au congrès ESCMID 2018 pour présenter en communication orale un travail sur l’impact du changement de 8 DDJ d’antibiotiques sur la consommation des antimicrobiens.

Comment s’est passé ton séjour en Suède ?

Excellent séjour, je recommande ce pays autant pour le mode de vie que les conditions de travail qui furent très agréables. Coté climat et luminosité, l’hiver est certes long mais plutôt plaisant car on peut observer quelques aurores boréales si les conditions s’y prêtent. Il est aussi possible de marcher/patiner sur une mer gelée jusque mi-Avril. Et l’été au contraire, on peut observer le soleil de minuit sur l’une des nombreuses terrasses de la capitale. Côté vie sociale et culturelle, l’alcool – bien que très réglementé – est un sport national, champagne, vin et/ou bière à toute heure, plutôt aidant pour un peuple où la communication n’est pas le point fort. Côté langue, tout le monde parle parfaitement l’anglais, même le guichetier des tickets de métro. Sinon quelques surprises tout de même en allant au sauna, la nudité est de rigueur !

Comment s’est présentée l’opportunité d’embauche à l’OMS à l’issue de ton internat ?

J’effectue ponctuellement des missions pour l’OMS notamment dans l’implémentation d’un système de surveillance de consommation des antibiotiques dans plusieurs pays d’Afrique Sub-Saharienne et en formant les principaux dirigeants de la santé de ces pays à la mise en place d’une enquête de prévalence ponctuelle sur la consommation des antimicrobiens et des infections associées aux soins à l’hôpital. Ces missions m’ont été proposées à la fin de mon stage à l’ECDC notamment sur l’“expertise” en surveillance de la consommation des antibiotiques que j’ai pu acquérir à l’ECDC et la maîtrise du français et l’anglais. La majeure partie du travail est effectuée à distance, avec quelques déplacements ponctuels à Genève ou à l’étranger.

Raconte-nous un peu l’OMS et la vie dans cette institution.

Le siège monde de l’OMS se situe à Genève en Suisse, ambiance internationale où de nombreuses et diverses nationalités se côtoient. Y étant passé stagiaire pendant quelques mois, j’en garde un très bon souvenir tant sur les travaux que l’on m’a confiés que les personnes que j’ai pu rencontrer. La façon de travailler est différente de celle dont on a l’habitude en France. On est dans un fonctionnement basé sur des missions spécifiques attribuées plutôt que sur un travail de routine. L’évaluation du travail porte sur la qualité et la rapidité des “délivrables” fournis, l’esprit d’initiative et non sur du “présentiel”. Tu es maintenant AHU aux Hospices Civils de Lyon.

Dans quelle mesure penses-tu que tes expériences à l’étranger ont joué pour obtenir ton poste actuel ?

Très certainement que mes expériences à l’étranger ont contribué au poste que j’occupe à l’heure actuelle. Mais celles-ci n’ont pas pu être la seule corde à mon arc. J’ai essayé dans la mesure du possible de construire un parcours cohérent en épidémiologie des maladies infectieuses, en particulier sur le versant de l’antibiorésistance. J’ai essayé de diversifier ce parcours par la nature des stages réalisés (agences nationales et internationales, stages hospitaliers, unité de recherche) qui m’ont donné les atouts nécessaires à candidater et obtenir le poste que j’occupe à l’heure actuelle.

Peux-tu nous parler de tes projets professionnels. Quelles sont tes perspectives d’évolution ? Quel est ton plan de carrière ?

J’ai commencé en novembre 2018 un poste d’Assistant Hospitalo-Universitaire dans le service d’Hygiène, Epidémiologie, Infectiovigilance et Prévention au sein des Hospices Civils de Lyon. Je suis en parallèle affiliée à la faculté de médecine de l’université Lyon 1, pour des enseignements de Santé Publique, épidémiologie, et prévention/contrôle des maladies infectieuses. C’est un contrat de 2 ans pour l’instant, on verra bien ce que le futur nous réservera…!

Quels conseils donnerais-tu aux internes qui souhaitent effectuer un semestre dans une institution européenne ou internationale ?

L’internat de pharmacie est une porte d’entrée mais pas une finalité. L’internat est une formation de base qui donne accès à des formations complémentaires spécialisées qui, si elles sont bien conduites, peuvent aboutir à des opportunités tout à fait intéressantes. L’internat joue en fait le rôle de tremplin. Il doit y avoir une logique dans le parcours, avec une complétude entre la formation théorique, les stages hospitaliers et les stages en institution. J’encourage tout interne à ne pas hésiter à postuler, toutes les portes sont ouvertes avec une bonne motivation personnelle et professionnelle, tout en laissant libre court aux opportunités qui peuvent s’offrir.

Un dernier mot ?

“La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés” Louis Pasteur