05/05/2025
Suite aux déclarations faites par le Premier Ministre à Puycapel le 25/04/2025 concernant le « pacte de lutte contre les déserts médicaux », et notamment concernant les annonces relatives à la pharmacie, le SNPHPU, le Synprefh et la FNSIP-BM réaffirment la défense inconditionnelle d’un exercice en Pharmacie à Usage Intérieur (PUI) réservé aux pharmaciens titulaires d’un DES de
pharmacie hospitalière.
Si les mesures envisagées pour le soutien ou le maintien d’officines sur ces territoires semblent cohérentes, et n’appellent pas à un commentaire particulier, il n’en est pas de même pour les éléments évoquant les PUI aussi bien pour les PUI de SDIS que pour les PUI d’EHPAD ou d’autres établissements.
En effet nous avons été associés aux travaux qui conduiraient à permettre un exercice en PUI de SDIS pour des pharmaciens sapeurs-pompiers volontaires exerçant déjà dans ce type de structure depuis au moins cinq ans. Il était convenu dès le départ de ces travaux que le dispositif évoqué n’avait pas vocation à être pérenne, mais bien transitoire, limité dans le temps et limité en nombre pour les bénéficiaires dans le seul but de permettre une transition le temps de recruter des titulaires de DES.
Sauf erreur de notre part, et malgré un travail conséquent fourni par les diverses parties prenantes, aucune validation du dispositif proposé n’est à ce jour actée. Il ne conduira à la délivrance d’aucun diplôme, comme il en a été convenu par tous les acteurs, et c’est une commission qui prononcera l’aptitude à exercer dans les seules PUI de SDIS.
Sans détailler plus avant ce dispositif, il est incompréhensible pour le SNPHPU, le Synprefh et la FNSIP-BM que l’on se serve de ce dispositif encore une fois transitoire, encore une fois non arrêté, pour envisager une extension de celui-ci vers des établissements médico-sociaux (EMS) de type EHPAD, voire des établissements de santé (ES).
Ne nous trompons pas, les personnes âgées résidentes de structures EHPAD ont tout à gagner à garder une PUI qui soit gérée par un pharmacien titulaire de DES, pour servir leurs besoins en produits de santé. La notion contestable de PUI avec activités à risque, méconnaît la situation particulière de ce type de patients, par nature fragiles, polypathologiques et très souvent polymédiqués. Si une PUI ne pouvait être maintenue dans un EHPAD, la première des solutions, déjà accessible à un DG d’ARS, serait de confier à une autre PUI, d’un établissement proche, l’approvisionnement en produits du monopole pharmaceutique. Que ce soit temporaire ou pérenne, les moyens matériels et humains correspondants devront être attribués pour que l’absorption de ce surcroît d’activité soit possible par la PUI venant en aide à un EHPAD.
Actuellement, il est possible de délivrer des traitements par une officine pour les EHPAD sans PUI, même si toutes les études sont en faveur d’une meilleure observance et un moindre impact d’événements indésirables iatrogènes quand une PUI existe dans un EHPAD.
Nous considérons cependant que permettre à un non titulaire de DES d’assurer les missions d’une PUI, c’est instaurer une prise en charge pharmaceutique à deux vitesses, sans prendre en compte le risque engendré pour les patients en premier lieu. Le DES permet ainsi, avec des compétences consolidées dans la pharmacie clinique, le circuit des produits de santé, l’achat et l’approvisionnement dans un contexte hospitalier (privé comme public), une prise en charge optimale de ces patients pouvant être considérés comme à risque. Le LFSS de début d’année va dans ce sens, en valorisant les interventions pharmaceutiques comme indicateur de suivi. Un développement de la pharmacie clinique dans ces structures est d’autant plus nécessaire, tout en garantissant les activités propres d’une PUI.
Nous sommes très favorables à toute solution permettant de former plus de titulaires de DES, mais en aucun cas à diminuer les exigences de cette formation, qui a sa raison d’être, pour garantir à nos patients un accès aux produits pharmaceutiques avec toutes les compétences et garanties de bon usage et d’exigences en termes de santé publique.
Des améliorations en termes de formation initiale (entrée dans les études pharmaceutiques) sont possibles notamment en facilitant l’accès et la lisibilité de cette offre de formation. Les efforts actuels d’augmentation du nombre d’étudiants accédant à l’internat en pharmacie hospitalière doivent être prolongés tout en garantissant une qualité dans l’accompagnement et la formation. Ces actions de moyen ou plus long terme ne produiront leurs effets que dans quelques années, mais feront incontestablement partie de la solution.
Nous sommes également favorables à une possibilité de formation en « deuxième DES ». C’est-à-dire valider un second DES après l’obtention du premier en formation initiale et une période d’exercice. Cela implique la mise en place des DES courts (officinal et industriel) qui tardent à arriver, et que cette possibilité soit étudiée pour tous les types de DES pharmaceutiques.
Nous proposons également d’améliorer le dispositif permettant le remplacement par les internes en pharmacie en leur laissant une plus grande autonomie sur le modèle des internes en médecine. Cela pourrait se présenter par un accès au remplacement dès la validation du 4ème semestre ou la possibilité de prendre des congés sans solde, permettant ainsi une plus grande mise à disposition des internes.
Nous proposons enfin d’envisager la possibilité d’un pool de pharmaciens hospitaliers remplaçants, avec une incitation en termes de carrière et/ou de rémunération, rattachés à un établissement, à un GHT, voire à l’ARS.
En tout état de cause, le SNPHPU, le Synprefh et la FNSIP-BM maintiennent que toute PUI doit impérativement disposer des professionnels disposant des compétences pour mener à bien toutes les missions qui lui sont confiées et que cela ne peut être garanti que par une formation exigeante et adaptée, validée par l’obtention du DES de pharmacie hospitalière.
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